Une idée qui fait son chemin
Ça fait maintenant plus de six ans (!) que je rédige des billets sur ce blogue. J’y partage avec vous des réflexions, des ressources et des pratiques exemplaires en développement de publics en provenance d’un peu partout dans le monde. Grâce à cette recherche, à l’apport de clients et de collègues, comme Diane Chevrette, Lianne Pelletier et Réal Fortin, j’ai développé une approche pratique en la matière. Celle-ci a surtout pour but d’aider les organisations intéressées à recruter de nouvelles clientèles et à conserver leurs clientèles existantes. Ce sont des objectifs honorables.
Mais ces temps-ci, je m’interroge sur la façon dont on parle des arts au public. J’ai même rédigé deux billets à ce propos (billet 1, billet 2). Il me semble que les artistes et les organismes artistiques s’adressent surtout au public lorsqu’ils ont quelque chose à vendre (un produit, un spectacle, une saison) et que les communications avec lui s’arrêtent là. Je ne suis pas certain que ces quelques échanges, souvent limités dans le temps, réussissent à rallier un grand nombre de personnes à la cause des arts et de la culture.
J’en suis aux premiers balbutiements d’une réflexion à cet égard. Chaque fois que je soulève le sujet avec les gens que je rencontre lors de formations ou de discussions auxquelles je participe, il pique leur curiosité. Certains m’ont même dit que le milieu des arts et de la culture en était rendu au point où il devait se pencher sur cette question. Leurs propos m’ont rassuré.
Où en suis-je rendu maintenant ? Eh bien, je continue de coordonner le projet pilote Connexions théâtres, de Réseau Ontario et du Conseil des arts de l’Ontario, voué au développement de publics pour le théâtre et la danse contemporaine en tournée en Ontario français. Nous en avons amorcé la troisième année récemment. Cette nouvelle édition comprendra une réflexion avec des artistes, producteurs et diffuseurs sur la façon dont on parle de la danse et du théâtre au public. Par ailleurs, Diane Chevrette et moi animerons bientôt une formation pour le Conseil québécois du théâtre (CQT) où nous aborderons, pendant une demi-journée, la question du développement d’un discours sur le théâtre. Je sais que ces deux initiatives enrichiront ma réflexion.
Entre temps, si vous avez le goût de développer la vôtre, voici des questions qui pourraient vous être utiles :
- Êtes-vous familiers avec les motivations de vos clientèles, avec ce qui les amènent à fréquenter votre lieu, à assister à vos productions, à se procurer vos produits ?
- Est-ce que vous leur parlez de votre discipline ou des arts en général, au-delà de vouloir leur vendre une activité ou un article en particulier ? Si oui, que leur dites-vous ?
- Pour quelles raison produisez-vous ou présentez-vous du théâtre, de la chanson-musique, de l’opéra, de nouvelles œuvres, etc. ? Quelles sont vos motivations ? Qu’est-ce que le public a à y gagner ?
- Au-delà du divertissement que vous fournissez, qu’est-ce que vos actions et vos activités apportent aux gens qui vous fréquentent ou vous consomment, à la communauté que vous desservez ?
- Comment cet apport se manifeste-t-il concrètement ?
- Est-ce que les gens qui vous méconnaissent, qui méconnaissent votre discipline, seraient d’accord avec vos réponses aux questions précédentes ?
- Comment peut-on rassurer un public craintif d’assister à une performance artistique, de consommer certains produits culturels ?
Je vous invite à me faire part de vos propres réflexions, si le cœur vous en dit.