10 tendances courantes en développement de publics
J’animais ce matin une formation pour des diffuseurs et des responsables d’événements culturels à l’occasion de La Nuit émergente de La Slague du Carrefour francophone de Sudbury (merci pour l’invitation !). Voici la liste des tendances en développement de publics que j’ai dressée pour les circonstances :
- Faites appel aux 4 « E » du marketing : l’expérience : créez les conditions qui permettront à vos publics de recevoir ou de participer à votre activité comme vous l’espérez (atmosphère, accueil, interactions…). Tout est dans le ton que vous donnez à votre événement. Ce ton prend forme, entre autres, en faisant appel aux sens de vos invités, soit la vue, l’ouïe, le goût. l’odorat et le toucher, énumération à laquelle j’ajoute l’intelligence et la curiosité ; les émotions : vous vous adressez à des êtres humains bourrés d’émotions. Misez sur leurs cordes sensibles (leurs intérêts, leurs préférences, leur vécu) au lieu de vous en tenir uniquement à la raison (coût abordable des billets, origine de l’œuvre, etc.). Surprenez vos clients. Par exemple, le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) a offert récemment un verre de vin mousseux à toutes les personnes qui assistaient à sa production à l’occasion de la Journée internationale de la femme, et ce, sans préavis ; les exclusivités : faites fi des secrets et partagez vos connaissances et autant d’informations que possible à propos de votre activité. Traitez tous vos clients comme des VIP ou créez un programme VIP (ex., rencontre et séance de dédicaces exclusives avec les artistes après le spectacle) ; l’engagement : engagez une conversation avec les gens qui choisissent de vous fréquenter ou d’acheter vos produits. Prenez surtout le temps de les écouter sans interruption. Relancez-les. Répondez à leurs questions ou à leurs commentaires et lorsque les circonstances s’y prêtent, inspirez-vous de leurs suggestions. Vos clients se sentiront valorisés par l’attention que vous leur accorderez. Ils seront plus disposés à vous écouter en retour.
- Assumez votre rôle d’allumeur de réverbères : en 1848, Victor Hugo se présentait devant l’Assemblée nationale française pour s’opposer aux réductions budgétaires proposées aux sciences, aux lettres et aux arts. « On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans les carrefours, dans les places publiques; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire aussi dans le monde moral et qu’il faut allumer des flambeaux dans les esprits ? », a-t-il dit. Il en va de même pour les diffuseurs et les artistes. Vous n’êtes pas obligés de vous en tenir à des pratiques établies. Il vous revient plutôt d’expérimenter et de faire découvrir de nouvelles choses au public, avec les risques et les avantages que cela comporte. C’est souvent pour ça que votre travail est soutenu par un conseil des arts (ou une source de financement équivalente).
- Occupez-vous de votre clientèle féminine : elle peut représenter jusqu’à 70 % du public des arts de la scène. Les femmes lisent davantage que les hommes. Elles appuient les arts avec moins de revenus dans leurs portefeuilles à cause de l’inégalité salariale. Trouvez le moyen de reconnaître leur engagement.
- Faites appel à une variété de lieux de diffusion : une nouvelle étude canadienne démontre qu’en 2016-2017, « 87 % des Canadiens ont assisté à un spectacle ou à un événement artistique (incluant notamment des foires d’artisanat et des expositions d’arts visuels). » Elle mentionne, entre autres, que « les personnes culturellement actives assistent à des spectacles dans toutes sortes de lieux différents : des bibliothèques, des écoles, des cafés, des boîtes de nuit, des centres commerciaux, des résidences privées et même (assez souvent d’ailleurs) à l’extérieur, en plein air. (…) Il est particulièrement courant chez les Canadiens de moins 25 ans de fréquenter plusieurs lieux différents. » Pendant ce temps, de 2012 à 2018, « le taux de fréquentation des installations destinées aux arts de la scène (comme un théâtre ou une salle de concert) a chuté de 71 à 60 % et le taux de fréquentation des centres communautaires ou culturels a chuté de 53 à 43 %. Ce sont là des diminutions importantes qui ne devraient laisser personne indifférent. » Ces diminutions seraient imputables au coût des billets, à des problèmes de perception et d’attitude envers l’importance de la diffusion des arts vivants et au manque d’occasions pour les gens de découvrir ces lieux souvent perçus comme étant réservés à la diffusion de spectacles, à la tenue d’événements privés ou au service de certaines personnes. Il est possible de contrer quelques-unes de ces perceptions en animant davantage ces installations, en y tenant des journées portes ouvertes et en en sortant occasionnellement pour tenir des activités là où les gens ont l’habitude de se rassembler afin d’accroître leur accès aux arts. Par exemple, La Slague a présenté, il y a quelques années passées, une prestation de l’artiste acadien Cayouche dans un terrain de camping. Ce faisant, elle a desservi de nouveaux publics.
- Créez des partenariats : pas besoin de relever tous vos défis par vous-mêmes. Collaborez avec d’autres organismes artistiques. Ils sont confrontés aux même défis que vous. Discutez avec des gens d’affaires et voyez comment vous pourriez vous aider mutuellement. Tout partenariat doit être profitable de part et d’autre.
- Prenez les devants : allez à la rencontre des publics que vous aimeriez accueillir. N’attendez pas qu’ils viennent à vous.
- Gardez le contact : communiquez avec vos clients aussi directement que possible afin de les fidéliser.
- Partagez vos connaissances et votre enthousiasme : vous en savez plus sur votre métier, vos produits, votre saison, votre production ou votre activité que quiconque. Parlez-en ! Vous aimez ce que vous faites ? Partagez votre passion avec vos interlocuteurs (voir les 4 « E » du marketing ci-dessus).
- Soyez inclusifs : l’équation est simple – pas de diversité dans votre équipe + pas de diversité sur scène = pas de diversité dans la salle.
- La promotion bouche à oreille demeure votre meilleure amie : fournissez aux membres de votre conseil d’administration, à vos bénévoles, à vos clients, à vos collègues, à vos amis et à vos parents les informations pertinentes qui leur permettront de parler à juste titre de votre projet dans leurs entourages respectifs.
Ai-je raté une tendance ? Si oui, n’hésitez pas à m’en faire part.