La menace du quotidien
Le Conseil des arts du Canada (CAC) a dévoilé cette semaine le contenu de sa nouvelle Planification stratégique 2016-2021. On peut y lire notamment ce qui suit :
La résilience économique du secteur des arts n’est pas seulement une question de financement public. Il faut également de nouvelles stratégies pour générer des revenus. On doit donc reconnaître que le public est un élément essentiel du portrait d’ensemble et qu’il est, comme les artistes d’aujourd’hui, exponentiellement plus diversifié et que ses attentes sont fort différentes de celles qui prévalaient il y a une décennie à peine. À l’avenir, pour réussir, les artistes devront renforcer leurs liens avec leur public actuel, s’ouvrir à de nouveaux publics, s’engager de multiples façons auprès des collectivités dans lesquelles ils travaillent et explorer des possibilités à l’extérieur de leur zone de confort.
Il n’y a là rien de nouveau pour les artistes et les organismes artistiques. Ils savent bien que l’environnement dans lequel ils travaillent a bien changé depuis une douzaine d’années, notamment avec l’arrivée des réseaux sociaux et les défis auxquels sont confrontés les médias traditionnels, partenaires de longue date de la promotion d’activités culturelles. Je suis en contact avec assez d’organisations, francophones et anglophones, québécoises et canadiennes, pour constater que leurs gestionnaires savent intrinsèquement que le CAC a raison : ils ne peuvent plus considérer les publics comme autant de portefeuilles ambulants sans noms, monochromes, uniculturels, dénués de leurs propres intérêts, de leurs propres aspirations. De nouvelles initiatives doivent être mises en œuvre pour les courtiser puisqu’ils ont accès aujourd’hui à de nombreuses sources de divertissement et d’apprentissage.
Certains organismes ont préparé des stratégies de développement de publics très étoffées, procédé à l’embauche d’agente ou d’agent de développement ou de communications, etc. Bravo ! Par contre, je constate que la responsabilité d’aller de l’avant avec ces stratégies reposent bien souvent sur les épaules d’une ou deux personnes. Peu d’apport des autres membres de l’équipe, des membres du conseil d’administration ou des bénévoles.
Puis, malgré l’enthousiasme soulevé par la création de ces stratégies, le train-train quotidien et les habitudes de travail bien établies ont tendance à l’emporter sur les nouvelles solutions dont on a pourtant bien besoin. Pour lutter contre cette tendance, toutes les composantes de l’organisation doivent se rappeler pourquoi elles ont choisi d’agir autrement et se soutenir mutuellement pendant cette période de transformation, d’exploration « des possibbilités à l’extérieur de leur zone de confort ».
Comme le rappelle le gourou américain du marketing, Seth Godin, « le changement s’accompagne de nouvelles habitudes, de malaises inévitables liés à ce que nous sommes en train de devenir ».
Ne lâchez pas ! Innovez ! Et si vous avez besoin d’un coup de main, vous pouvez compter sur les expertises de ma collègue Diane Chevrette et moi.