Le développement des publics intéresse aussi d’autres secteurs

J’occupe depuis septembre dernier les fonctions de responsable du développement et des partenariats chez l’unique réseau de journaux desservant la population franco-canadienne en situation minoritaire, Réseau.Presse. Je n’œuvre plus en développement de publics pour les arts pour des raisons que j’ai décrites dans un billet antérieur, mais mes connaissances dans le domaine s’avèrent utiles occasionnellement dans d’autres contextes. Ainsi, j’ai livré une courte présentation en la matière lors de l’événement Médiarama Canada 2022, organisé par Réseau.Presse. Voici mon texte.

« Dans une vie antérieure encore relativement récente, je me spécialisais dans le développement de publics pour les arts.

C’est une façon assez bureaucratique de dire que j’aidais des producteurs et des diffuseurs d’événements et de produits artistiques à recruter plus de spectateurs, de festivaliers, de lecteurs, etc.

Je me suis lancé dans ce domaine il y a vint ans pour deux raisons :

  • D’abord, à cause d’Hergé et de Tintin. Ma lecture des aventures de Tintin a non seulement inspirée mon intérêt pour le journalisme (Tintin est un reporter, après tout), domaine donc dans lequel j’ai étudié, travaillé et enseigné, mais Hergé et son œuvre ont soulevé mon intérêt pour les arts en général ;
  • Puis, parce qu’à un moment donné, j’ai été approché par des organismes artistiques qui se questionnaient sur les façons de joindre plus de gens. J’ai décidé de me pencher sur le sujet. C’est ainsi que j’ai développé une approche que j’ai mise au service de plus d’une centaine d’organismes artistiques canadiens, parfois à plus d’une reprise.

Est-ce que j’ai eu du succès ? Je peux répondre modestement, oui.

Par exemple, il n’y a pas si longtemps, les organismes artistiques désireux d’annoncer le contenu de leurs prochaines saisons avaient tendance à s’en occuper lors d’un événement médiatique tenu en matinée ou en début d’après-midi, soit pendant les heures de bureau.

Pendant ce temps, les premiers concernés par cette annonce, leurs publics acquis et potentiels à qui les organismes voulaient vendre des abonnements, des billets ou des produits, étaient au travail ou avaient d’autres activités journalières.

Est-ce que vous voyez l’erreur ?

Ces organismes privilégiaient leur confort – pas de surtemps, pas d’efforts particuliers – au lieu de prendre les mesures nécessaires pour convier, accueillir et prendre contact directement avec leurs clientèles.

J’ai donc recommandé à certains de mes clients de procéder à un événement médiatique en journée et à tenir un lancement de saison public en début de soirée, genre de 5 à 7 ou de 6 à 8, auquel ils convieraient leurs clients.

Ceux qui ont suivi mes conseils ont connu beaucoup de succès. Ils ont réalisé que les gens s’intéressaient non seulement à leur annonce, mais profitaient de l’occasion pour socialiser entre eux, ainsi qu’avec les gestionnaires et le personnel de l’organisme.

Un de mes clients a même été obligé de tenir deux lancements de saison en une soirée pour répondre à la demande. Je constate depuis ce temps qu’un nombre croissant d’organismes artistiques procèdent à leurs lancements en soirée.

La leçon qu’on peut tirer de ces expériences est la suivante : quand on prend le temps de s’intéresser à nos clientèles, elles sont ensuite plus réceptives à nos propositions.    

Cette connexion directe est plus profitable que l’approche indirecte ou prospective par courriel ou par réseaux sociaux.

Les courriels, les publicités et les affichages sur les réseaux sociaux sont plus efficaces quand on a d’abord pris contact et établi des rapports avec les clientèles visées. 

Prenons l’exemple du journal numérique américain, le Texas Tribune, qui a pour mandat – je cite – de promouvoir l’engagement citoyen à travers un journalisme original et explicatif des événements publics.

Il organise son propre festival annuel qui s’étend sur trois jours au mois de septembre.

Pendant cette période, le journal organise des activités de socialisation avec ses commanditaires, ses annonceurs, ses partenaires, des journalistes, des étudiants, des lecteurs fidèles et des personnalités dans le but de renforcer ses liens avec sa communauté.

Il propose aussi des conférences sur des thèmes d’actualité auxquelles la population peut assister en achetant des billets.

Le festival est donc une activité de rapprochement et de financement pour le journal.

L’un est intimement lié à l’autre.   

Il y a d’autres façons de procéder pour échanger avec des consommateurs, annonceurs et partenaires potentiels.

Il faut d’abord savoir se présenter.

Chaque média a de bonnes histoires à raconter, qu’il s’agisse de son évolution au fil du temps, de ses bons coups, de ses défis et de ses espoirs, des personnes qui ont influencé son parcours, d’anecdotes amusantes ou de témoignages d’auditeurs ou de lecteurs qui ont été marqués par son travail.

Tout le monde aime une bonne histoire.

La vôtre a pour but de vous humaniser et d’humaniser votre entreprise ou votre organisme – vous êtes plus qu’un logo ou une bannière – et de connecter plus facilement avec les gens que vous voulez courtiser.

Il ne s’agit pas d’écrire un roman, mais de songer plutôt à une nouvelle.    

Une fois votre histoire prête à raconter, identifiez les gens avec qui vous aimeriez la partager, des lecteurs, auditeurs, annonceurs, partenaires acquis ou potentiels.

Faites un peu de recherche en amont pour cerner leurs intérêts et leurs préoccupations afin d’ajuster votre discours en conséquence.

Puis, invitez-les à prendre un café ou un thé en votre compagnie, en personne ou en mode virtuel.

Ces personnes vous accorderont au moins le temps requis pour boire leur breuvage.

S’il y a de la bouffe en plus (offrez-leur un muffin ou faites livrer des biscuits sans gluten et sans arachides, on ne sait jamais), vous prolongerez le temps de discussion.

Parlez, mais écoutez aussi.

Voyez s’il y a un besoin auquel vous pourriez répondre.

Convenez d’actions réciproques, s’il y a lieu.

Gardez le contact.

Rencontrez une nouvelle personne par semaine.

Enjoignez les membres de votre conseil d’administration, vos collègues de direction et vos autres collaborateurs à en faire autant.

Les gens que vous rencontrerez parleront de votre entretien dans leur entourage.

C’est ce qu’on appelle la promotion bouche à oreille, le principal outil de marketing dans les arts et dans presque tous les domaines.

Pensez-y : si quelqu’un que vous connaissez vous recommande la lecture d’un bouquin, l’écoute d’un film ou la fréquentation d’un restaurant, il y a de fortes chances que vous serez tentés de le découvrir.

Vous voudrez que les gens en fassent autant à propos de vous.

Plus ces personnes parleront en bien de vous, plus votre notoriété augmentera.

Alors, faites preuve de curiosité, de transparence et d’empathie. Soyez attentifs à ce que les gens vous racontent. Évitez les exagérations et les promesses que vous ne pourrez pas tenir.  Respectez vos engagements. C’est ainsi que vous gagnerez leur confiance.  

Peu importe les solutions que vous envisagez pour relever vos défis et peu importe vos circonstances, le contact direct avec les gens et les rapports que vous créerez contribueront à votre succès. Merci. »

Je laisse donc ces idées à vos bons soins. Bonne continuation !

Developpez votre auditoire

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