Leçons tirées de la course à la mairie de Montréal
Il y a deux ans, presque jour pour jour, je signais un billet qui portait sur les leçons à tirer de la campagne électorale fédérale de 2015. Puisque j’habite à Sudbury, en Ontario, je n’ai pas suivi de très près les élections municipales québécoises qui ont eu lieu le 3 novembre dernier. Par contre, j’ai commencé à m’intéresser à la course à la mairie de la ville de Montréal en me renseignant un peu sur la candidate Valérie Plante qui menait une campagne fort intéressante contre le maire sortant, Denis Coderre. Contre toute attente, Mme Plante a remporté son pari et est devenue la première mairesse de la métropole québécoise. Comment a-t-elle relevé ce défi et convaincu une majorité de Montréalais de voter pour elle ? Voici les enseignements que j’ai tirés des analyses faites par les médias au lendemain de cette élection historique :
- L’animateur d’ICI Première, Michel C. Auger, a indiqué que pendant son mandat à la mairie de Montréal, M. Coderre avait «le vilain défaut de ne s’occuper que des dossiers qui l’intéressaient et qu’il traitait avec beaucoup d’opacité (…) Il n’écoutait personne et n’acceptait aucune critique.»
- Sa collègue Marie-Claude Frenette écrivait que l’assurance affichée par Mme Plante, «son écoute et sa capacité à saisir les intérêts de la population lui auront permis de déjouer les pronostics.»
- Parmi les leçons identifiées par le journaliste Alec Castonguay, de L’Actualité, notons celle-ci : «La mairesse de Montréal est spontanée, pétillante, souriante. Elle se déguise à l’Halloween, aime prendre le métro avec les Montréalais et regarde celui à qui elle serre la main comme s’il était la personne la plus importante du monde. Bref, elle semble adorer son travail !»
- Dans un éditorial qu’il signe dans les pages du quotidien Le Devoir, Bryan Miles rappelle que «Le Devoir, La Presse et The Gazette ont appuyé Denis Coderre, sans pour autant discréditer la candidature de Mme Plante. Ce ne sera pas la première fois, ni la dernière, que les médias se trompent quant à l’humeur de l’électorat.»
- Le chroniqueur de La Presse, Patrick Lagacé, a écrit que les sourires et les rires de Mme Plante «étaient plus grands grâce au contraste flagrant entre elle et son adversaire: depuis un an, Denis Coderre bougonnait et pestait la plupart du temps. Il y a le fond, ensuite. Projet Montréal (le parti politique de Mme Plante) est dans le paysage depuis 2004, ses idées sont connues (…): penser la ville en fonction de ceux qui l’habitent, à hauteur de souliers et de bottes, de vélos et de poussettes.»
Qu’est-ce que tout cela signifie pour le milieu des arts et de la culture ? Voici :
- Rien ne remplace le travail sur le terrain. Vous voulez que les gens s’intéressent à vos offres, à votre programmation, à vos produits ? Vous devez aller à leur rencontre, cultiver des rapports soutenus et vous intéresser à ce que vos interlocuteurs ont à vous dire. Vous pourrez alors tisser des liens entre leurs préoccupations et vos activités, quitte à modifier certaines de vos habitudes qui ne répondent pas à leurs attentes.
- Il n’y a rien de mal à parler avec bonne humeur de vos projets, aussi sérieux soient-ils. Les rapports que j’ai évoqués précédemment s’établissent d’abord entre vous, à titre de personne, et vos interlocuteurs en chair et en os. Si on vous trouve sympathique et attachante, on s’intéressera ensuite à votre travail.
- Je le répète : faites preuve de transparence. Vous n’êtes pas à l’emploi des services secrets du pays. Parlez ouvertement de vos projets, de vos passions et de votre travail. Communiquez.
- Enfin, circulez. Sortez de votre bureau et participez aux autres événements qui se déroulent dans votre quartier ou votre communauté. Présentez-vous et serrez des mains, sourire au visage. Vous ferez ainsi des rencontres qui vous seront profitables.
Et vous, quelles leçons tirez-vous de l’élection de Mme Plante ?