Des leçons de l’OSM et de diffuseurs acadiens qui vous seront utiles

Quand on me dit que la musique classique est pour les élites, c’est comme si on présentait un drapeau rouge à un taureau. Ça me met hors de moi.

Cette affirmation du chef de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), Kent Nagano, fait partie d’un nouveau documentaire qui lui est consacré, intitulé La mission de Kent Nagano. On y apprend qu’à son arrivée dans la métropole québécoise en 2006, l’OSM lui avait confié le mandat de rajeunir la clientèle de l’Orchestre et d’intéresser d’autres publics à sa musique. Il y est parvenu en employant trois approches :

  1. Il a profité de circonstances qui survenaient dans son environnement pour créer de nouveaux partenariats pour l’OSM, notamment avec le club de hockey du Canadien de Montréal qui célébrait son 100e anniversaire en 2009. L’OSM a offert in concert hommage à l’équipe au Centre Bell, domicile du Canadien.
  2. L’OSM sort occasionnellement de son lieu de diffusion traditionnel, la Maison symphonique, pour se produire dans des lieux publics comme des parcs. Il va ainsi à la rencontre du public à des endroits qui lui sont familiers.
  3. L’OSM initie les enfants d’âge préscolaire à l’apprentissage intensif de la musique par l’entremise de son programme La musique aux enfants. Non seulement démystifie-t-il la musique classique pour ces bambins qui développent ainsi des rapports avec l’Orchestre, il rejoint aussi leurs parents.

Donc, l’OSM collabore avec des entités qui n’ont rien à voir avec la musique, va rencontrer les gens où ils se trouvent et crée des programmes qui permettent au public de se familiariser avec sa musique (pour en savoir plus, écoutez l’émission Dessine-moi un dimanche d’ICI Première du 5 novembre 2017, à 7h27). Il est tentant de croire que l’OSM a les moyens de faire tout ça. Je dirais plutôt qu’elle eu la bonne idée de faire tout ça.

Pendant ce temps, des artistes et des diffuseurs pluridisciplinaires acadiens, réunis à l’occasion de la 21e FrancoFête en Acadie, ont discuté récemment de diffusion et de développement de publics. Voici ce que j’ai retenu de leurs échanges grâce à un article de l’Acadie Nouvelle :

  • Même si le coût d’un billet peut être un obstacle à la participation, ce n’est pas le seul enjeu. L’expérience offerte est aussi un facteur («l’expérience» comprend, entre autres, la qualité de vos communications et de votre accueil, votre familiarité avec vos publics, l’animation qui accompagne la présentation de votre activité, l’état de votre lieu, sans oublier la nature de votre événement).
  • Vos canaux et vos outils de communication doivent être adaptés aux publics que vous visez.
  • Sortir de votre lieu de diffusion traditionnel pour aller à la rencontre du public est une approche à privilégier.
  • Il faut parfois changer les conditions de présentation d’un spectacle pour créer une atmosphère plus intime, pour rapprocher l’artiste des spectateurs (ex., asseoir ces derniers sur la scène).
  • Convier directement les gens qu’on veut voir dans sa salle est aussi une approche efficace.
  • Les artistes doivent être en mesure de communiquer avec le public et de lui parler de leur travail, de leurs œuvres en toute simplicité.
  • Il n’y a rien de mal à s’associer à des concurrents ou à des entités qui ne sont pas liées au milieu des arts et de la culture pour rejoindre de nouvelles clientèles.

J’espère que ces leçons de vos pairs vous seront utiles. N’hésitez pas à partager les vôtres avec moi pour que je puisse en parler sur ce blogue !

P.-S. Si vous voulez en savoir plus sur l’avènement de l’élitisme dans les arts, je vous recommande la lecture de cet ouvrage.   

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