D’autres suggestions pour la rentrée
Je poursuis ma recension des réflexions dont j’ai pris connaissance au cours du mois d’août portant sur le développement de publics.
- Dans son éditorial pour le bulletin L’entracte, le directeur général du SPEC du Haut-Richelieu, Guy Boulanger, parle du rôle du diffuseur de spectacles comme en étant un de cultivateur de l’enthousiasme. « Cultiver l’enthousiasme, c’est préparer le terrain afin de le rendre accueillant, chaleureux et convivial, écrit-il. C’est semer dans la communauté des propositions artistiques de grande qualité afin de récolter l’enthousiasme des gens heureux et grandis d’avoir été nourris et enrichis par la culture. » M. Boulanger n’est pas le premier à employer l’expression cultivateur d’enthousiasme pour décrire son métier, ce qui semble indiquer que cette tournure de phrase gagne en popularité. Elle en replace une autre qui a circulé pendant un bout de temps, soit celle d’allumeurs de réverbères, une expression sans doute inspirée par Victor Hugo. Je suis d’accord avec M. Boulanger. Faire appel aux émotions des gens et bien les accueillir sont quelques-unes des clés du développement de publics.
- Selon la société indépendante d’étude de tendances TrendWatching.com, la transparence bilatérale devrait gagner en popularité en 2016. De quoi s’agit-il ? TrendWatching définit le phénomène comme suit : au même titre que les consommateurs peuvent évaluer le rendement d’une organisation ou d’une entreprise, cette dernière peut maintenant en faire autant envers ses clients afin de les récompenser pour leur comportement, leur loyauté et leur assiduité. Les partis s’engagent ainsi les uns envers les autres, ce qui entraîne de meilleurs rapports fournisseurs-clients. Voilà des fondements pour la création de votre programme de fidélisation.
- Il y a un débat en cours dans l’univers des arts de la scène anglo-saxon portant sur le rôle du public pendant une performance : le public doit-il être passif ou être un participant actif ? Cette discussion découle d’incidents survenus au cours de l’été qui ont inpliqué, plus souvent qu’autrement, l’utlisation de téléphones intelligents par des spectateurs pendant des performances. Voici les deux perturbations les plus célèbres : une comédienne a saisi le téléphone d’une spectatrice et un spectateur a tenté de brancher son téléphone dans une fausse prise de courant sur scène. Ancienne gestionnaire très respectée dans le milieu des arts de la scène américain, Diane Ragsdale a noté dans un billet récent que l’atténuation des réactions du public aux performances offertes sur scène remonte au 19e siècle, avec l’arrivée de l’électricité qui gardait le public dans le noir (et la scène éclairée) et d’une élite qui en avait assez des interventions spontanées d’autres spectateurs qui réagissaient à ce qu’ils voyaient ou entendaient. Tout en notant que les publics modernes sont un peu moins passifs que ceux du 20e siècle et que différentes approches sont à l’essai pour accommoder certains amateurs (ex., désigner des zones où l’utilisation des cellulaires est autorisée afin que le public réagisse sur les réseaux sociaux), elle invite les organisations artistiques à donner un sens à la passivité et à la récompenser, surtout lorsqu’il s’agit d’initier de nouveaux venus. Pour sa part, le directeur de théâtre et blogueur Joe Patti affirme que les responsables d’organisations artistiques doivent donner l’exemple et exprimer clairement leurs attentes envers le comportement souhaité du public. Enfin, le professeur de théâtre Scott Walters constate que le théâtre est devenu un milieu très conservateur et qu’il y a lieu de revoir les règles d’étiquette courantes qui condamnent les réactions spontanées du public.
Vos observations sont les bienvenues !