L’insécurité linguistique : un obstacle à la consommation des arts et de la culture en français

L’insécurité linguistique «désigne un sentiment d’infériorité ou d’incompétence vécu par plusieurs francophones en contexte minoritaire lorsqu’ils s’expriment en français, même s’il s’agit de leur langue maternelle. Cette impression prend sa source dans l’idée que sa langue n’a pas la même valeur qu’une autre, par exemple l’anglais, ou que l’on ne s’exprime pas dans la bonne variété de la langue, comme certains francophones du Canada peuvent le ressentir à la rencontre de Québécois, ou comme certains Québécois peuvent le ressentir à la rencontre de Français» (source). Au Québec, l’insécurité linguistique est liée à un «déficit de légitimité des locuteurs pour qui le français de France reste souvent la référence» (source).

Quiconque a eu la chance de voyager en Acadie, au Canada français ou au Québec sait que son périple l’amènera à rencontrer des francophones qui s’expriment dans une variété d’accents. Ces derniers s’accompagnent souvent d’expressions et de locutions représentatives de l’histoire de ces communautés, de leur contexte social ou sociolinguistique. Par exemple, les Îles-de-la-Madeleine (QC) et leurs quelque 12 000 habitants partagent tout près d’une demi-douzaine d’accents en français issus de leur histoire.

Pour le milieu artistique et culturel, cette insécurité linguistique, peu importe la forme qu’elle prend, constitue un défi. Comment recruter ces jeunes personnes et ces adultes bien présents dans notre entourage qui éprouvent un malaise à utiliser publiquement leur français par crainte de se sentir incompétents, de ne pouvoir s’exprimer avec l’accent approprié ou de ne pas être en mesure de s’intégrer aux personnes qui côtoient déjà nos organismes et nos lieux de diffusion ?

Voici quelques suggestions :

  1. Vous connaissez sans doute des personnes aux prises avec une insécurité linguistique. Allez à leur rencontre et voyez comment vous pouvez les rassurer et faciliter leur intégration à vos activités. Attention ! Il est probable que vous devrez modifier certains aspects de votre fonctionnement pour y parvenir.
  2. Ayez recours davantage à des stratégies et à des outils visuels pour vous présenter et vous promouvoir au lieu de vous en remettre principalement à l’écrit.
  3. Évitez de corriger ces personnes lorsque’elles vous parlent. Écoutez et respectez-les.
  4. Assurez-les qu’elles sont les bienvenues chez vous et que vous les accompagnerez dans la découverte de vos produits et de vos activités.
  5. Invitez-les à s’exprimer ouvertement avec vous et vos clientèles.
  6. Si possible, valorisez ces accents en les saluant, en les intégrant, par exemple, dans vos œuvres pour que ces personnes s’y reconnaissent.

Prenez le temps de vous renseigner sur l’insécurité linguistique. Lisez le blogue de la sociolinguiste québécoise Anne-Marie Beaudoin-Bégin et surveillez le site Web de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) qui publiera, en 2020, une Stratégie nationale pour la sécurité linguistique.

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