Des suggestions pour les étudiants de l’École nationale de théâtre du Canada
Le nouveau directeur général de l’École nationale de théâtre du Canada, Gideon Arthurs, a affirmé ce qui suit dans une entrevue qu’il accordait récemment au quotidien La Presse :
Je veux travailler à ce que le théâtre et «la vraie vie» se rapprochent. L’art institutionnel a perdu sa connexion avec le peuple. Il faut qu’on se rapproche des communautés, de différents milieux de vie, des quartiers.
Voilà un constat intéressant et courageux. Et comment compte-t-il s’attaquer à ce défi ? Je le cite à nouveau :
Ce n’est pas à moi de répondre à cela, mais à la relève que nous formons ici. La solution va venir des jeunes artistes. C’est important de brasser la cage. Il y a beaucoup de peurs dans notre milieu, et on parle souvent de financement, ou d’emplois, mais pas de la place de l’artiste dans sa société.
Les lectrices et les lecteurs de ce blogue savent que je favorise le développement de rapports directs entre les organismes artistiques, leurs clientèles et les communautés qu’ils desservent. Les uns ne peuvent progresser sans les autres, que ce soit pour des raisons artistiques, sociales ou économiques. Je me permets donc d’offrir quelques suggestions d’actions que les étudiantes et les étudiants de l’École pourraient entreprendre pour relever le défi que leur lance M. Arthurs :
- Allez de l’avant et créez. C’est votre métier. C’est ce qu’on attend de vous.
- Parlez de votre apprentissage et de vos projets à votre entourage. N’en discutez pas seulement avec vos pairs. Confiez-vous à vos amis non-théâtreux et aux membres de votre famille. Ils vous aiment. Ils vous appuieront.
- Une fois le processus créatif bien enclenché et que la confiance règne, invitez le public à se familiariser avec votre projet. Vous n’êtes pas tenu de «justifier» ce que vous faites ni de solliciter des critiques. Il s’agit simplement d’engager un dialogue. Vous constaterez que les gens aiment bien connaître les réflexions et les approches qui sous-tendent une œuvre. Ils seront plus disposés à vous soutenir s’ils en savent un peu plus sur ce que vous vous apprêtez à leur proposer et si vous les écoutez en retour.
- Engagez-vous auprès de la communauté dans laquelle vous œuvrez ou à laquelle vous vous associez. Faites du bénévolat. Soutenez une cause qui vous tient à cœur. À vous de choisir, mais sortez de votre bulle artistique pour voir ce qui se passe dehors. Non seulement aiderez-vous vos concitoyennes et vos concitoyens, mais vous y puiserez sans doute de l’inspiration pour votre travail et rencontrerez de nouvelles personnes avec lesquelles vous pourrez partager votre passion pour le théâtre.
Vous êtes parmi les premières ambassadrices et les premiers ambassadeurs de votre art. Si vous ne parlez pas de théâtre au-delà de votre cercle d’initiés, qui le fera à votre place ? De plus, vous êtes sur le point de demander aux gens d’ouvrir leurs portefeuilles pour acheter des billets ou pour vous verser un don. Vous les convierez à prendre de leur temps pour assister à votre performance. Cela nécessite un engagement de leur part non seulement envers vous, mais envers vos collègues aussi. Ils le feront s’ils vous connaissent bien et s’ils sont familiers avec votre projet. Votre engagement communautaire sera votre façon de leur rendre la pareille.
Qu’en dites-vous ?