Percez des trous dans votre silo et ceux de vos clients
Désolé d’avoir négligé ce blogue ces derniers temps. Ce n’est pas parce que je manquais de sujets, mais plutôt d’entrain. La vie de travailleur autonome et d’expert-conseil vient avec son lot de hauts et de bas, de remises en question, surtout lorsque le téléphone ne sonne pas ou que les occasions de faire ce qu’on aime (du développement de publics pour les arts) tardent à se présenter. Après un mois d’avril très tranquille, j’ai croisé des personnes qui ont manifesté une certaine appréciation pour mon travail. Ça m’a fait du bien. Je les en remercie. Je reprends donc le collier !
J’ai participé à deux événements la semaine dernière qui m’ont inspiré la réflexion qui suit. D’abord, j’ai animé un colloque sur la vitalité culturelle (pôles culturels) de la francophonie canadienne, une initiative de la Coalition pour la diversité culturelle, de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) et de l’Université Laurentienne de Sudbury. Puis, j’ai assisté à la nouvelle édition bisannuelle du Salon du livre du Grand Sudbury. J’y ai rencontré des éditeurs qui m’ont parlé des défis qu’ils doivent relever pour vendre leurs livres.
Revenons-en d’abord au colloque. J’y ai appris que les facteurs qui ont un impact sur la vitalité culturelle d’une communauté (qu’elle soit minoritaire ou en région, tout particulièrement) sont les suivants :
- Les facteurs incontournables : un bon nombre de francophones, d’écoles de langue française et d’organismes francophones artistiques et culturels (locaux, régionaux, provinciaux) bien présents dans leur milieu.
- Les renforts : un intérêt pour les arts et la culture au conseil municipal, une politique culturelle et des programmes d’appui locaux, des programmes et la présence d’organismes artistiques dans les écoles secondaires et les institutions postsecondaires.
- Les entourages : la présence de médias francophones, des dynamiques familiales favorables aux arts, des lieux de production et de diffusion des arts.
- Les universels : l’instruction, le revenu, l’emploi, les secteurs d’emploi qui distinguent les consommateurs d’arts et de culture des non-consomnmateurs ; l’impact des arts sur l’instruction, le revenu et l’emploi.
Une synergie entre tous ces facteurs contribue à la vitalité culturelle d’une communauté.
Un des responsables de cette recherche, Simon Laflamme, a mentionné au cours de sa présentation que les gens consomment bien souvent les arts et la culture en silo. Ces personnes s’intéressent à certaines choses en particulier et à moins qu’une autre discipline ou activité parvienne à percer les murs de leurs silos, il y a de fortes chances qu’ils en ignoreront l’existence.
Cela me ramène à l’édition et à la littérature. Si les éditeurs ont de la difficulté à cultiver de nouveaux marchés, pourquoi ne demanderaient-ils pas d’abord à leurs clients courants de partager la bonne nouvelle à propos de leurs ouvrages dans leur entourage ? Par exemple, un éditeur peut lancer un concours où il demande à ses lectrices et à ses lecteurs de tourner des capsules vidéo personnelles dans lesquelles ils partagent leur appréciation d’un roman ou d’un recueil de poésie. L’éditeur les diffuserait sur ses réseaux sociaux, son site Web, etc. Les personnes qui participeraient au concours seraient tenues d’en faire autant sur leurs réseaux sociaux.
Allons plus loin. Pourquoi la direction artistique d’une compagnie de théâtre ne pourrait-elle pas recommander la lecture d’un roman ou l’écoute d’un album à son public ? Un éditeur en faire autant pour un concert de l’orchestre symphonique local ?
Si on veut que les gens s’aventurent et découvrent de nouvelles choses, il faut non seulement percer des trous dans leurs silos, mais aussi en faire autant dans ceux des organismes artistiques et culturels.