Retour sur le numéro 164 de la revue de théâtre Jeu voué aux publics (2 de 2)

Dans son introduction à la section Publics du 164e Jeu, son rédacteur-en-chef Raymond Bertin rappelle «qu’on peut avoir tendance à l’oublier et à tenir le public pour acquis. L’expérience montre que c’est une erreur.»

Il mentionne «l’importance pour l’écologie de la création théâtrale de conquérir de nouveaux publics, de convaincre, de séduire, de fidéliser des adeptes plus nombreux des arts du spectacle vivant. Qui en convaincront d’autres à leur tour.»

Le dossier comprend les témoignages de deux superspectateurs qui ont produit l’effet d’entraînement souhaité par M. Bertin. Robert St-Amour est un amateur de danse qui relate ses découvertes sur son blogue intitulé Sur les pas du spectateur, tandis que l’analyste d’affaires Lucie Leblanc forme des groupes de plus d’une vingtaine de personnes qui l’accompagnent lors de ses sorties au théâtre (vous pouvez proposer à vos mordus d’en faire autant, quitte à leur donner un coup de main).

Dans L’invention du public, la doctorante Véronique Hudon écrit que «le public d’une œuvre ne lui préexiste pas. C’est pourquoi les manières de s’adresser à lui importe tant. Il en va de la responsabilité des acteurs du milieu.» Elle souligne qu’il n’y a pas un public homogène, mais plutôt des publics hétéroclites. Elle cite le professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre français Christian Biet qui souligne «que le théâtre, le spectacle, du côté de sa production, de sa création, a bien, et doit bien avoir, une conception implicite ou explicite de son spectateur» (à qui l’œuvre s’adresse-t-elle ? Répondre à cette question vous permettra de mieux identifier et cibler vos publics).

Pour celles et ceux parmi vous qui desservez de jeunes publics, il faut lire Accueillir le jeune public de Michelle Chanonat. L’article porte sur les mesures mises en place à la Maison Théâtre pour mieux desservir les enfants, les parents et les enseignants. Ce diffuseur a constitué des équipes qui «organisent des activités de préparation en lien avec le spectacle.»

Enfin, la question de la diversification des publics est aussi abordée dans Blanc longtemps, de Sara Dion. «Les frontières de nos salles filtrent, repoussent, invisibilisent de grands pans de la société québécoise, écrit-elle. (…) Si les distributions sont blanches longtemps, y a-t-il des chances que les publics soient blancs longtemps ? Donnons à cette réflexion sa véritable mesure : si les distributions, les auteur(e)s, les concepteurs (trices), les metteur(e)s en scène, les conseillers(ères) dramaturgiques, les conseils d’administration, les directions artistiques sont blancs longtemps, à quelle sorte de théâtre le public est-il convié, exactement ?»

En guise de réponse aux questions de Mme Dion, sa collègue Pascale Rafie parle d’un projet théâtral qui a donné la parole à des femmes immigrantes, dont les histoires ont été reprises par des comédiens professionnels (Belles-Sœurs d’ici et d’ailleurs : le trajet de la parole).

Voilà des réflexions pertinentes qui devraient alimenter vos prochaines discussions entre collègues et avec les membres de votre conseil d’administration.

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