Y a-t-il des avantages liés au vieillissement des publics ?
Bien des organismes artistiques soulignent et déplorent que leurs clientèles vieillissent. C’est une préoccupation, mais est-ce nécessairement une mauvaise nouvelle ? Voici des constats à cet égard :
- Le vieillissement des publics, pour les arts de la scène en particulier, n’est pas une tendance qui disparaîtra de sitôt puisque la population canadienne vieillit ! Selon le gouvernement fédéral, «en 2011, on estimait à 5,0 millions le nombre de Canadiens de 65 ans et plus, chiffre qui devrait doubler au cours des 25 prochaines années pour atteindre 10,4 millions de personnes âgées en 2036. En 2051, environ un Canadien sur quatre devrait avoir 65 ans ou plus». Cette réalité a capté l’intérêt du directeur de la recherche et du développement de l’Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA), Frédéric Julien, qui a rédigé un billet sur la question. On y trouve des idées novatrices pour mieux desservir cette clientèle qui sera de plus en plus présente dans les lieux de diffusion. Gare aux stéréotypes associés à ces personnes ! Frédéric écrit que «la génération du baby-boom ne se reconnaît pas dans l’étiquette d’aîné. Par conséquent, la mise en marché doit les interpeler au niveau des valeurs, des attitudes et des habitudes de vie. Cela implique des changements importants pour les modèles de segmentation de l’auditoire, lesquels ont traditionnellement reposé sur des indicateurs démographiques comme l’âge et le revenu». La consommation des arts est d’abord une question d’intérêt et de moyens, des facteurs sur lesquels les diffuseurs et les producteurs peuvent exercer une influence.
- Pendant ce temps au Québec, où on déplore une stagnation de l’achalandage pour les arts et la culture (sauf dans les musées), une hausse de la fréquentation, entre autres du côté des arts de la scène, serait attribuable à «un grisonnement des amateurs d’art, un public plus âgé à la retraite» ! Même dans leur volonté de rajeunir leurs publics, les organismes artistiques ne peuvent ignorer cette clientèle qui s’intéresse, de toute évidence, à leurs activités. Par ailleurs, selon le directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada, Simon Brault, «seulement de 20 à 30 % de la population canadienne participe assidûment à des activités artistiques». Il y a donc place à l’amélioration. Mais comment convaincre les non-consommateurs? L’article du Devoir propose trois solutions : il faut «forger et alimenter le bagage culturel minimal requis (du public) pour apprécier les œuvres, notamment en ce qui concerne les arts savants ou classiques» ; soutenir la pratique amateur d’un art puisqu’on «constate qu’il y a un accroissement en matière de peinture, de photographie et possiblement de musique» ; offrir des expériences touristiques et muséales locales puisqu’il appert que les Québécois et les Canadiens ont davantage tendance à aller au musée lorsqu’ils visitent des pays étrangers (pourquoi ne pas reproduire l’expérience localement ?). Il serait tentant pour les organismes artistiques de prétendre que ces solutions relèvent du milieu de l’éducation, de centres culturels ou d’organismes touristiques, mais il me semble qu’ils ont intérêt à les explorer en compagnie de partenaires potentiels, puisqu’ils pourraient en tirer des dividendes.