Comment sortir des modes de présentation incrustées

Selon un reportage récent produit et présenté par ICI Radio-Canada Première au Nouveau-Brunswick, les diffuseurs de spectacles acadiens peinent à attirer des gens dans leurs salles. La fréquentation moyenne s’élèverait à une vingtaine ou à une cinquantaine de personnes pour des prestations de chanson-musique, même celles qui mettent en vedette des artistes connus. On note que ce sont toujours les mêmes personnes (TLM) qui assistent aux spectacles et pour expliquer ce manque d’intérêt, on mentionne que l’offre artistique est plus diversifiée, qu’elle croît, qu’elle est de meilleure qualité, sans oublier toutes les sources de diverstissement dont disposent les gens à la maison. Ce sont des défis auxquels sont confrontés tous les diffuseurs en Amérique du Nord et ailleurs.

Parmi les solutions proposeées que j’entérine, il y a les suivantes (avec quelques suggestions additionnelles de ma part) :

  • Il faut présenter le bon spectacle au bon endroit. Bien des diffuseurs acadiens ont accès à des lieux de diffusion professionnels et ce sont les salles qu’ils privilégient pour y présenter des spectacles. C’est un réflexe parfaitement compréhensible, mais ces diffuseurs doivent se demander pourquoi les gens ne fréquentent pas ces endroits davantage. Et attention, ne blâmez pas le public ! Ces salles sont-elles méconnues, intimidantes, mal situées, inconfortables ? Que leur reproche-t-on ? Pourquoi ne pas utiliser plutôt des lieux que les gens fréquentent sans gêne, comme des bars, des restaurants, des parcs, etc., afin de créer une atmosphère intime profitable aux artistes moins connus et propice à des échanges avec le public ?
  • Les artistes, leurs agents et les diffuseurs doivent travailler ensemble. C’est incontournable. Un seul de ces intervenants, travaillant en silo, ne parviendra pas à changer les résultats évoqués plus haut. Les diffuseurs doivent apprendre à connaître les artistes présents sur leur territoire comme s’ils s’agissaient de membres de leur famille. Ils doivent, en retour, partager cette familiarité avec leurs publics. La sensibilisation des publics à la chanson-musique acadienne, par exemple, ne peut se limiter à la durée d’une saison ni uniquement aux artistes à l’affiche. Les diffuseurs doivent parler de chanson-musique (et des autres disciplines qu’ils présentent) en tout temps. Ce n’est pas difficile. Un ami demande à un diffuseur Que fais-tu de bon ces temps-ci ? C’est une occasion de parler d’un show à venir, d’une découverte musicale, etc. Le diffuseur ne peut se contenter d’annoncer sa progammation en s’adressant à tout le monde et à personne à la fois, il doit aller aussi à la rencontre de ses publics acquis (pourquoi les TLM reviennent-ils constamment et peuvent-ils aider le diffuseur à intéresser d’autres gens à sa programmation ?) et visés (les nouveaux publics se gagnent bien souvent une ou deux personnes à la fois ; demandez-vous qui devrait être présent à un concert et allez lui en parler). Pour leur part, artistes et agents doivent accepter de se livrer davantge. Oui, la musique est importante, mais la personne qui la compose et l’interprète l’est encore plus. Quel est son parcours artistique ? Quels objectifs poursuit-elle ? Qu’est-ce qui l’allume par rapport à son travail ? Qu’a-t-elle apprise en exerçant son métier ? Quelles sont les choses qui l’intéressent ou la préoccupent ? Quels sont ses propres coups de cœur musicaux ou artistiques ? Etc. L’artiste devrait être prête ou prêt à partager son histoire avec le public. C’est ainsi qu’elle ou qu’il tissera des liens avec les gens qui se seront déplacés pour l’entendre.
  • Autoriser le recours aux réseaux sociaux pendant une performance musicale.  Demander aux gens, surtout aux jeunes gens, de s’asseoir, de se taire, d’écouter attentivement et d’applaudir aux bons monents est une approche pour le moins contraignante et, disons-le, dépassée en ce début de 21e siècle. Pourquoi ne pas convenir de moments avec l’artiste pendant lesquels les gens peuvent prendre des photos, enregistrer un extrait du spectacle et les afficher sur les réseaux sociaux ? Au début et à la fin du spectacle, peut-être ? Une fois que les gens auront comblé leur besoin de communiquer ce qu’ils sont en train de faire à leurs amis et à leurs abonnés, ils seront plus disposés à écouter le spectacle. J’entends déjà les objections qui fusent de toute part. Sachez que les artistes et les diffuseurs ont besoin de ce genre de visibilité. Au lieu de s’y opposer, ils auraient intérêt à partager les affichages des spectatrices et des spectateurs sur leurs propres réseaux sociaux (fournissez un mot-clic à vos publics). C’est une bonne façon de générer une promotion bouche à oreille.
  • Fidéliser les publics. Recueillez les coordonnées de vos spectatrices et de vos spectateurs. Adressez-leur un courriel pour les remercier de leur présence. Parlez-leur d’une performance à venir qui pourrait leur plaire et, au besoin, proposez-leur une offre exclusive qu’ils ne pourront pas refuser.

J’aurais d’autres idées à proposer (invitez-moi chez vous et je les partagerai), mais je me permettrai d’en offrir une dernière :

  • Créez des alliances. Autant les artistes, les agents et les diffuseurs ont besoin de travailler ensemble, autant les diffuseurs ont intérêt à développer des partenariats avec d’autres intervenants locaux, y compris leurs pairs, pour atteindre des objectifs communs. Par exemple, à Sudbury (ON) où je vis, les organismes artistiques francophones sont solidaires. Le diffuseur de chanson-musique local, La Slague du Carrefour francophone, a encouragé ses publics à assister à une production du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO). Ce n’est pas tout. Une dizaine d’employés du Carrefour ont pris la peine d’assister ensemble à une représentation de la pièce. Le TNO lui rendra la pareil lors d’un prochain spectacle de chanson-musique. C’est n’est qu’un exemple parmi d’autres des bénéfices associés à la création de partenariats.

Bon, c’est assez pour aujourd’hui. Vous avez d’autres solutions à proposer ? Partagez-les dans la section vouée aux commentaires. Je vous en remercie à l’avance !

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