10 questions qui vous aideront à réfléchir avant de vous retrouver dans l’eau chaude
C’est le début du mois d’août et plusieurs parmi vous êtes sur le point de retourner au travail en prévision de la rentrée d’automne, si ce n’est déjà fait.
Il a fait chaud cet été, y compris dans le monde des arts. En effet, il faut avoir vécu sous une roche au cours des dernières semaines pour ne pas avoir été touché par les débats publics entourant les productions SLAV et Kanata.
Bien des gens se sont prononcés sur les enjeux liés à ces spectacles. Cependant, une intervention a retenu mon attention pour son côté pratique, soit celle de la jeune musicienne montréalaise Hanorah. Elle adresse dix questions à ses pairs pour qu’ils évitent les écueils associés à l’appropriation culturelle et au manque de représentation des minorités à leurs activités :
- À qui appartient l’histoire que vous voulez raconter et à qui la raconterez-vous?
- Si vos réponses à ces premières questions ne sont pas moi et à des gens comme moi, alors pourquoi vous y intéressez-vous? Est-ce que vous la racontez parce que les gens évoqués dans l’histoire ne sont pas dans votre entourage (ex., un peuple méconnu oublié par l’Histoire et le temps)? Si les gens évoqués dans le récit sont présents dans votre voisinnage, avez-vous sollicité leur appui? Écoutez à la fois les personnes qui sont d’accord et en désaccord avec votre proposition. Les gens évoqués ont-ils accès à des instances qui les représentent et qui pourraient profiter de votre intérêt? Si vous voulez représenter un groupe toujours bien présent et vivant auquel vous n’appartenez pas, avez-vous fait appel à sa participation? Est-ce que votre travail sera utile à cette communauté?
- Est-ce que votre projet contribuera à l’avènement ou à la continuation d’une conversation respectueuse?
- Dans les faits, qui profitera de votre projet au-delà de vous (retombées financières, impact sur la réputation…)?
- Avez-vous fait de la recherche? Quelles sont vos sources? Vous contentez-vous de références qui confirnent votre point de vue ou prêtez-vous attention aussi aux opinions contraires? Quelle perspective défendez-vous? Comment d’autres personnes ont-elles abordé le sujet?
- Quel rôle jouerez-vous dans le dialogue que vous voulez initier? Dans quel contexte interviendrez-vous?
- En examinant les contextes mondiaux et sociaux qui prévalent à l’instant, comment votre projet sera-t-il perçu? Qui risque d’y réagir? À quel public vous adresserez-vous? Pourquoi? Si vous vous adressez au grand public (par opposition à un ou à des publics ciblés), tenez compte des responsabiltés qui vous incombent et qui sont associés à une telle visibilité. Il vous appartient de partager vos idées et vos intentions pour qu’elles soient comprises par vos interlocuteurs.
- Tenez compte de l’Histoire et des rapports de force en jeu. Votre projet contribuera-t-i à la promotion d’éléments que certaines personnes pourraient juger grossiers, dommageables, toxiques, accablants, violents, etc.?
- Votre projet aurait-il plus de chance de réussir si vous faisiez appel à l’aide de personnes plus aguerries ou dont la participation conviendrait davantage? Excluez-vous des gens parce que vous cherchez une certaine reconnaissance publique?
- Si les questions précédentes vous dérangent, qu’en est-il de vos motivations? Votre projet est-il d’abord à propos de vous? Si quelqu’un s’oppose à votre projet et que vous le poursuivez malgré tout, qu’est-ce qui vous pousse à aller de l’avant? Vos motivations sont-elles justifiées?
Hanorah recommande à ses collègues de prendre le temps de bien explorer leur sujet.
L’art ne se crée pas dans un vaccuum, écrit-elle. L’art a une portée sociale. Le momde est grand et nous en faisons partie. Nous ne vivons pas à part.
J’ai choisi de partager ce texte parce qu’il contient des questions pertinentes. À vous de juger si elles peuvent contribuer à vos réflexions.