Préparez l’après-COVID-19 maintenant IX
Au moment où le déconfinement s’amorce et qu’il sera possible pour certains lieux de diffusion de reprendre leurs actvités à une échelle prescrite par la santé publique locale, les responsables de ces établissements auraient intérêt à réfléchir à une question cruciale : quelles clientèles veulent-ils accueillir au cours des prochaines semaines, l’automne prochain ou en 2021, selon leurs circonstances ?
À titre d’abonné à Netflix, j’ai développé un intérêt particulier pour les séries policières britanniques. On y trouve souvent des comédiens issus d’une variété de communautés qui y jouent des rôles de premier plan, si ce n’est les rôles-titres. J’ai peut-être tort, mais j’ai l’impression d’accéder à une représentation plus réaliste et, je l’espère, plus inclusive d’une société occidentale moderne.
Ma conjointe et moi sommes abonnés aussi à ICI TOU.TV EXTRA. La différence saute aux yeux : même les séries télé locales les plus récentes ont des distributions largement blanches dans lesquelles on attribue parfois des rôles secondaires ou stéréotypés à des artistes racisés (ex., membres de gangs de rue).
Interrogé récemment à savoir quels profils subissent plus de discrimination que d’autres en culture, le directeur général de Diversité artistique Montréal, Jérôme Pruneau, a répondu que « ce sont toujours les mêmes : les artistes qui ont des pratiques plus éloignées de celles qu’on considère comme l’excellence. On a toujours l’impression que la contemporanéité nous appartient, mais elle existe en Afrique, en Asie, partout ! Simplement, on a l’impression que ce n’est pas de l’art ou de l’art contemporain quand ça sort des références eurocentrées et nord-américaines. On relègue ça à l’exotisme, au folklorisme, à l’amateurisme… Encore une fois, c’est de changer de prisme et de se décentrer. (…) Il faut penser à toute la question d’excellence au regard des multitudes façons de faire. C’est ça la décolonisation ».
Bien des intervenants artistiques d’ici ont pris position dans la foulée des événements récents aux États-Unis et au Canada qui ont affecté les populations afro-amricaine, afro-canadienne et autochtone, pour ne nommer que celles-là. Le temps est venu d’aller au-delà des discours et des intentions et de passer à l’action.
Je vous invite donc à profiter du temps qui vous est offert par la pandémie pour réfléchir aux questions suivantes :
- Êtes-vous vraiment familiers avec les publics qui vous entourent, qui contribuent au dynamisme de votre quartier, de votre communauté ou de votre secteur ?
- Quelles sont les clientèles absentes de vos listes d’invités ?
- Votre offre s’adresse-t-elle presque exclusivement à vos publics acquis ou est-elle susceptible d’intéresser une variété de publics en fonction de leurs intérêts ?
- Faites-vous appel principalement à des artistes qui correspondent à des profils en particulier ? Qu’en est-il des artistes dont le cheminement diffère ?
- Êtes-vous véritablement le lieu de rassemblement ouvert à tous dont vous vous enorgueillez ?
Pour vous aider à trouver réponses à ces questions, je vous recommande les lectures suivantes :
- Jérôme Pruneau, Il est temps de dire les choses, Éditions Dialogue Nord-Sud, 2015.
- Option travail, Prendre goût à la diversité culturelle, S’outiller pour mieux la savourer, Septembre Éditeur, 2019.
Si jamais vous avez le goût de partager vos actions en appui à la diversité avec vos collègues, écrivez-moi et j’en parlerai dans un prochain billet.
Bonne réflexion !