Une tendance : le théâtre du 21e siècle sollicite la participation du public
La chroniqueuse arts et culture du Financial Times, Harriet Fitch Little, a noté que «depuis le début du nouveau millénaire, le quatrième mur au théâtre s’écroule et un nouveau genre théâtral est en train d’être construit sur ses gravats.»
Elle fait référence au nombre accru de productions britanniques qui font appel à la participation active du public pendant des performances. Elle cite en exemple The Majority, une production au cours de laquelle le public peut se prononcer électroniquement sur les dilemmes contemporains auxquels le personnage principal et la société britannique sont confrontés. Une autre production comprend une discussion avec le public pendant la représentation, plutôt qu’après.
Le phénomène n’est pas uniquement européen. Ici, le spectacle Le NoShow (capsule vidéo), du Collectif Nous sommes d’ici et du Théâtre Dubunker, demandait au public de se prononcer sur la valeur du théâtre, cellulaires et portefeuilles en main.
Ces productions se veulent une solution de rechange au théâtre dit traditionnel qui exige que le public assiste passivement, mais attentivement, à une représentation. C’est une approche plus apte à capter l’intérêt de nouveaux publics qui préfèrent l’interaction à l’inaction lorsqu’ils assistent à des événements artistiques.
Le phénomène est encore assez récent pour que les artistes puissent l’explorer, expérimenter et innover.
Par ailleurs, la participation du public n’a pas besoin d’être limitée à une performance. Le producteur et diffuseur de théâre York Theatre Royal a créé un programme en vertu duquel vingt non-spectateurs de théâtre, des spectateurs irréguliers et quelques amateurs fidèles s’engagent pendant deux ans à collaborer avec lui à la sélection des œuvres qu’il présentera.
Ainsi, les membres du groupe ont l’occasion de se familiariser davantage avec le théâtre au cours des douze premiers mois du programme en participant à une variété de formations. Puis, pendant la deuxième année, ils discutent des choix de programmation qui s’offrent au York Royal Theatre.
Ce dernier veut ainsi donner la chance aux non-consmmateurs de s’exprimer et, en retour, diversifier ses publics. Le York Royal Theatre souhaite aussi tenir compte des préférences de ses publics afin de tisser des liens entre leurs intérêts et ses productions.
Ces approches, parmi d’autres, adhèrent parfaitement à un des fondements du développement de publics moderne : la pertinence d’un dialogue ouvert et soutenu entre artistes, organismes, amateurs et non-amateurs des arts.
P.-S. Pourquoi s’intéresser aux non-amateurs ? Parce qu’ils paient des taxes et des impôts qui sont ensuite convertis en subventions aux artistes et aux organismes artistiques. Pas besoin d’en faire de grands consommateurs d’art (si on y parvient, tant mieux !). Par contre, le milieu artistique a tout intérêt à en faire des alliés, surtout lorsqu’il veut convaincre les autorités publiques d’investir davantage dans les arts et la culture et démontrer qu’il jouit de l’appui de la population à cet égard.