Mettez l’accent sur la dimension sociale des arts pour accroître vos jeunes publics
Le doyen du Herberger Institute for Design and the Arts de l’Arizona State University et spécialiste de l’engagement du public envers les arts, Steven J. Tepper, affirmait récemment que pendant que la fréquentation des arts diminuaient depuis le début des années 2000 aux États-Unis, des études démontraient que la pratique de l’art augmentait grâce aux innovations technologiques. Ces avancées ont eu un impact, selon lui, sur la façon que les adolescents en particulier perçoivent les arts. Pour eux, les arts sont d’abord un véhicule d’expression personnelle. Ils contribuent à leur quête identitaire et à leur confort. Les arts engendrent des expériences créatives que les jeunes peuvent ensuite partager avec leurs pairs, notamment par l’entremise des réseaux sociaux.
En revanche, indique Tepper, cette emphase sur la pratique et l’expression personnelle aurait mené à une diminution de la compassion, de l’empathie et de l’ouverture d’esprit que les jeunes éprouvent envers autrui. Comment contrer ces conséquences et accroître la participation des jeunes aux activités artistiques déjà présentes dans leur environnement ? Tepper suggère aux chefs de file culturels de mettre l’accent sur la création d’initiatives qui favorisent un rapprochement entre les participants, leur inculquent un sens du devoir et font appel à leur contribution et à leur créativité pour résoudre des problèmes. Par exemple, un organisme peut inviter ses clients à partager collectivement leurs impressions d’une œuvre ou faire appel à de jeux de rôles pour que les gens perçoivent une situation d’un autre point de vue.
La présentation de Tepper a impressionné fortement un critique artistique du Chicago Tribune, Chris Jones. Dans l’article qu’il a pondu en réponse aux propos de Tepper, Jones note que les jeunes s’identifient peu aux institutions culturelles traditionnelles. La préférence de ce groupe pour la pratique plutôt que la consommation de l’art va à l’encontre des attentes des organismes artistiques qui présument que le public se contentera de consommer tranquillement ce qui lui est proposé.
Autre retombée possible de la popularité de la pratique de l’art : une augmentation du nombre d’organismes artistiques à but non lucratif, malgré les soubresauts des taux de fréquentation des arts. Clairement, écrit Jones, être simple spectateur est devenu une activité trop passive pour plusieurs.
Le critique du Chicago Tribune souscrit aussi au point de vue de Tepper à l’effet que les gens manquent d’empathie. Il blâme la surcharge d’informations à laquelle nous sommes exposés qui pousse les gens à vivre en silos et à se contenter d’interagir, parfois brutalement, sur les réseaux sociaux.
Selon Jones, les organismes qui veulent survivre doivent faire appel à une participation active de leurs publics et leur offrir plus d’occasions pour échanger et dialoguer. Il indique que les festivals ont une longueur d’avance à cet égard, puisque les gens les fréquentent non seulement pour l’art, mais pour socialiser avec des amis et la possibilité de bâtir son propre horaire selon la programmation disponible. Il adhère à la suggestion de Tepper que les organismes doivent s’ouvrir et solliciter les avis du public et des artistes avant de créer leurs saisons. Il dit que les jeunes ne veulent pas juste parler d’art et de culture, ils veulent aussi contribuer aux récits qu’on leur propose et exprimer leur appréciation.
Le défi pour les organismes artistiques serait donc le suivant : trouver un équilibre entre l’ancienne façon de faire (la direction artistique décide tout) et la nouvelle (faire preuve d’ouverture et de réceptivité).
Je remercie Julien Valmary pour le partage de l’article du Chicago Tribune.
Et vous, qu’en pensez-vous ?