L’avenir est à la collaboration et à l’innovation
La communauté théâtrale britannique s’est réunie, le printemps dernier, pour discuter d’enjeux qui la préoccupaient, comme le financement public, les disparités entre les centres urbains et les régions, de même que le développement de publics.
Les quelque 600 délégués à cette conférence ont convenu que les intervenants du secteur devaient collaborer davantage pour répondre à leurs trois principaux défis : diversifier les publics et la main-d’œuvre (rejoindre et embaucher des jeunes et des membres de communautés culturelles), accéder à de nouvelles sources de revenus et assurer la pertinence de leur travail pour garantir l’appui des instances gouvernementales.
Je vais m’attarder à certains constats qui portaient sur le développement de publics :
- Selon une étude produite par The Audience Agency, 40 % des foyers britanniques vont au théâtre, mais seulement 15 % d’entre eux y vont plus d’une fois par année. Lorsque comparé à d’autres disciplines artistiques, le théâtre parvient difficilement à diversifier ses publics. De plus, les amateurs de théâtre britanniques vieillissent. Le groupe de consommateurs le plus important est âgé de 65 à 74 ans. L’âge moyen des spectateurs se situe à 52 ans. L’étude révèle aussi que les plus jeunes amateurs d’arts préfèrent d’autres disciplines au théâtre. (N.D.R. En passant, le vieillissement de la population est aussi un phénomène canadien.)
- Des intervenants ont proposé des solutions à cette situation. Par exemple, les compagnies de théâtre devraient intégrer les nouvelles technologies à leurs productions, notamment le recours aux téléphones intelligents, pour interagir en temps réel avec les spectateurs.
- Puis, le théâtre doit s’intéresser à la culture populaire. Pour rejoindre de nouvelles générations d’amateurs, les producteurs doivent tenir compte des intérêts de celles-ci et les intégrer à leurs démarches artistiques et relationnelles.
- Enfin, en réduisant substantiellement le coût des billets pour assister à une avant-première (à 2 $, par exemple), les producteurs et les diffuseurs permettraient à un plus grand nombre de gens d’être en mesure de se payer une soirée au théâtre.
Je dis souvent que les défis liés au développement de publics sont similaires un peu partout en Occident. Vous reconnaissez-vous dans ces constats ?
la baisse des coûts me laisse sceptique. Les vedettes et les humoristes ne manquent pas de public alors que les prix sont souvent faramineux. Soit on accepte (et on le devrait) que certaines formes culturelles ne plaisent pas à tous, soit, on adapte le contenu aux intérêts du plus grand nombre. Mais n’est-pas ce que fait déjà la culture populaire? Équilibre délicat à maintenir entre le transcendant et le trivial. Mais je ne suis pas encore certaine, par exemple, que les campagne de POkemon Go organisée par les Musées attirent de nouveaux spectateurs enclins à lever les yeux de leur téléphone.
La baisse de coûts ne me dérange pas, en autant qu’elle soit appliquée à une fin précise, soit faciliter l’accès aux arts aux personnes qui n’ont pas beaucoup de revenus (des gens qui paient des taxes qui subventionnent des théâtres auxquels ils n’ont pas toujours accès). Le public trouve toujours de l’argent pour ce qu’il connaît et apprécie. Certaines disciplines ont le défi de se faire connaître et apprécier davantage. C’est pourquoi elles auraient intérêt à engager un véritable dialogue avec leurs publics acquis et visés. La connaissance réciproque n’est pas une mauvaise chose.