Prise de risques partagée
L’administratrice générale du lieu de diffusion et de création artistique ARC Stockton Arts Centre, Annabel Turpin, affirme que lorqu’il s’agit de courtiser de nouveaux publics, les organismes artistiques doivent accepter de prendre des risques au même titre que les gens auxquels ils s’adressent.
On s’attend à ce que les gens investissent temps et argent pour assister à un événement dont ils ont peu entendu parler, en se fiant uniquement à quelques paragraphes d’informations et à une illustration artistique, a-t-elle écrit dans un billet récent. Alors que les habitués des lieux (de diffusion) peuvent se fier au bon jugement de leurs hôtes, les nouveaux venus prennent des risques qui vont au-delà d’assister possiblement à une mauvaise performance. Qu’advient-il si ces gens ne trouvent pas le lieu en question, ignorent s’ils auront accès à du stationnement, jugent les sièges inconfortables, ne voient pas correctement la scène ou considèrent que le coût des consommations est trop élevé ? Si nous voulons convaincre les gens qui ne sont jamais allés au théâtre auparavant, il faut reconnaître les risques qu’ils prennent et tenter de les minimiser autant que possible.
Le ARC Stockton Arts Centre s’est doté d’une stratégie de développement de publics qui a pour but, justement, de mettre les gens à l’aise et de les introduire aux artistes avant un spectacle. L’organisme a choisi de franchir une étape de plus en s’adressant au risque financier exigé des spectateurs. Ainsi, il a créé l’initiative Payez ce que vous pouvez. Pendant six mois, les personnes intéressées ont pu réserver des places pour assister à des spectacles de théâtre (le lieu a recueilli leurs coordonnées) et payer uniquement à la sortie. Résultats : des hausses de fréquentation de 58% (comprenant presque 20% de nouveaux venus) et des revenus de 82% (dont une augmentation de 15% au niveau de la vente de billets). La programmation théâtrale du ARC Stockton Arts Centre est devenue ainsi plus accessible à plus de gens.
Que doit-on retenir de cette expérience britannique ?
- Si ce diffuseur a choisi d’agir de la sorte, c’est parce qu’il a déterminé que le coût usuel de ses billets était un frein à la participation de nouveaux venus. Une telle décision a requis de l’information sur ses clientèles et les communautés qu’il dessert.
- Le diffuseur a intégré cette approche à ses stratégies de développement de publics. Elle s’accordait parfaitement à sa volonté de faciliter l’accès du public au théâtre.
- Autrement dit, un peu de recherche et un encadrement approprié lui ont permis de prendre un risque calculé qui s’est avéré profitable. Qui ne risque rien n’a rien.